ZERO SUISSE

Loi Covid

Je n’ai rien de plus à dire sur ce chapitre que ce que j’ai dit et écrit depuis le début de la crise covidienne en mars 2020. Il s’agit d’une dérive autoritaire du pouvoir exécutif et des lobbies qui l’influencent, profitant d’une crise épidémique surjouée. Rien, depuis un an, ne justifie l’adoption d’un état d’urgence sanitaire, sauf les réalités parallèles décrites par les projections systématiquement catastrophistes et inexactes de la Task Force covidéologique. La Suisse disposait déjà d’une loi sur les épidémies et d’un plan pandémie longuement peaufiné dont le gouvernement ne s’est pas servi, on ne sait pourquoi. Elle disposait de lits en clinique privée dont le gouvernement ne s’est pas servi, on ne sait pourquoi. Elle disposait de moyens de thérapie précoces dont le gouvernement ne s’est pas servi, on ne sait pourquoi. Elle disposait d’un sens des proportions entre les moyens et les fins dont le gouvernement ne s’est pas servi, on ne sait pourquoi.

S’il y avait des mesures législatives à tirer de l’expérience covidienne dans sa réalité, elles porteraient 1) sur l’interdiction du lobbying — voir l’étroitesse des relations de l’exécutif suisse avec GAVI et la Fondation Gates —, et 2) sur la répression de la propagande et du déni d’information dans les médias de service public. Mais je rêve.

J’ajouterai deux remarques. Se souvenir, d’abord qu’il n’y a rien de plus durable que les mesures provisoires et que l’Etat ne revient jamais sur ses acquis: voir le cas de l’impôt fédéral direct (IFD), créé durant la Première guerre mondiale comme «impôt de guerre» et perpétuellement reconduit sous divers prétextes depuis lors. Ensuite, le pouvoir montre par son argumentation même que la «Loi Covid» ne relève pas d’un candide souci de santé publique, mais que c’est un billard tordu à plusieurs bandes. Le ministre Berset conditionne les aides publiques par l’acceptation de sa loi — et son acceptation implique le «passeport sanitaire». En d’autres termes: le passeport sanitaire contre les aides. Chantage d’autant plus odieux que les aides en question ne sont qu’une réparation partielle des dégâts que le gouvernement a lui-même infligés à l’économie et à la société par des mesures disproportionnées(2). Qui casse paye: ces aides ne sont pas une faveur mais un dû! Dans un tour de passe-passe démagogique, et malgré l’évidence, le ministre assure pourtant que la loi Covid ne confisque pas les libertés, mais qu’au contraire elle les restitue. Voilà-t-il pas que le gouvernement prétend nous rendre généreusement des libertés que nous ne lui avions nullement cédées et que seule la panique généralisée (entretenue par ses communiqués alarmistes et les médias totalement alignés) lui avait permis de nous confisquer.(3) La bassesse morale et la malhonnêteté intellectuelle qui entourent la promotion de la «Loi Covid» sont si criantes qu’on se demande si une population qui ne voit pas des dérives si grossières de son exécutif, et qui au contraire les approuve majoritairement, est encore capable d’exercer ses droits civiques. 

Ceux qui arrivent encore à pondérer leur liberté avec le risque «sanitaire» qu’elle entraîne diront assurément NON à cette loi Covid dangereuse, inutile et liberticide.

Loi sur le terrorisme (MPT)

Si elle est adoptée le 13 juin, la Loi sur le terrorisme deviendra une nasse géante aux mains de la police, permettant de coffrer n’importe qui — jusqu’à des enfants de douze ans! — sur un simple soupçon. On pourrait comprendre, sans la justifier, une telle loi en Inde, en Russie ou en Turquie, où le terrorisme est endémique et la démocratie confinée. Mais en Suisse, où le terrorisme n’a jamais tué personne? En Suisse où seul l’assassinat au couteau d’un Portugais par un Turco-Suisse à Morges en septembre 2020 pourrait être imputé à une pulsion «terroriste»? Certes, cela «pourrait arriver», mais tout peut et tout va arriver à une échelle de temps suffisante. Faut-il pour autant légiférer sur tous les risques par anticipation paranoïaque — et que restera-t-il alors de notre société qu’un enchevêtrement de lois et de contraintes? Et s’il fallait absolument se plier au principe de précaution, ne serait-il pas plus urgent de réprimer les bavures médicales, qui tuent infiniment plus que le terrorisme en Suisse et qui restent souvent impunies? Ou de démanteler les réseaux du trafic de drogue qui empoisonnent la jeunesse?

Comme pour le Covid, on ne voit pas quelle menace justifierait le renforcement des lois existantes. Si elle l’avait voulu, la Suisse aurait parfaitement pu, au temps de la guerre civile yougoslave, prévenir le recrutement à ciel ouvert, dans ses villes, de l’organisation terroriste UÇK, dont le chef Hashim Thaçi a enfin été inculpé par le TPI de La Haye. Elle n’en a rien fait. Combattre la violence et le mal n’est pas une affaire de lois, mais de volonté. Le dispositif policier totalitaire donnera-t-il aux autorités suisses le courage de s’attaquer aux organisations violentes qui utiliseraient le pays comme havre et comme base arrière? Ou leur servira-t-il avant tout à surfliquer leur propre population?

Ceux qui ont conçu cette loi sont de dangereux control freaks, voire des dictateurs en puissance. Ceux qui l’acceptent sont des naïfs ou des écervelés irrécupérables à qui le pouvoir peut raconter, et faire approuver, n’importe quoi. En ce sens, leur soumission volontaire à un Etat policier qu’ils auront contribué à créer de manière parfaitement démocratique n’est que logique et méritée. Cela me rappelle une situation historique amplement traitée par les historiens et le cinéma. Pour ne pas risquer de la revivre, même en version molle, je dis résolument NON à la loi sur le terrorisme.

Loi CO2

Michel de Rougemont, dans l’Antipresse 283, a livré l’essentiel de ce que pouvait penser un esprit raisonnablement sceptique de l’activisme climatique, ce nouvel (et déjà ancien) emballement appelée à suppléer le Covid–19 au catalogue des hypnoses planétaires. Le plus préoccupant, selon lui, c’est qu’aucun débat de fond n’ait lieu sur «la réalité et la taille du problème, sa prétendue urgence et la ridicule et dispendieuse inefficacité d’un bouton de réglage appelé CO2 que chacun tourne à sa guise». La dispute, dès lors, «semble tourner court, limitée à des arguments de boutiquiers ou des injonctions morales bien infondées». De fait, la guerre au CO2, outre la manne infinie qu’elle va rapporter aux instances de taxation, est essentiellement une cause religieuse d’où le questionnement scientifique est banni. Son sillage est fait de fanatisme et d’exclusion.

Dans ce même pays où l’on se soucie tant d’une évolution cosmique imprévisible, mal connue et sur laquelle le genre humain — et à plus forte raison un petit pays isolé — n’a pratiquement aucun moyen d’agir, certaines communes ou cantons ont voté des moratoires sur l’installation de la 5G, considérant que cette technologie était dangereuse et insuffisamment expérimentée, en sus d’une utilité discutable. Cela n’a pas empêché Swisscom, opérateur d’Etat, et ses concurrents d’installer les antennes en se moquant totalement des résistances locales. Or la pollution électromagnétique est une nuisance environnementale établie et mesurable sur laquelle on peut agir. C’est sans doute trop simple, trop tangible et trop évident pour que l’appareil médiatico-législatif s’en soucie. Il est plus profitable et moins risqué de se battre contre des moulins à vent.

Veillant à respecter la séparation de l’Eglise (climatique) et de l’Etat, nous disons un NON net et sec à la loi CO2

Initiatives agricoles

Comme il serait merveilleux de vivre dans un pays où les robinets ne livrent que de l’eau propre, où l’on ne mange que de l’alimentation saine, où les plantes poussent sans pesticides de synthèse et pourtant en abondance… Ce pays existe: il s’appelle le jardin d’Eden. Or il se trouve que nous l’avons quitté depuis quelque temps pour marcher sur la Terre. Et là, on ne se nourrit pas de concepts et d’idéaux, mais de protéines et d’hydrates de carbone.
J’ai eu la chance de travailler avec Patrick Gilliéron Lopreno à son beau livre consacré à la paysannerie réelle et vivante de la Suisse romande, et intitulé Champs (éd. Olivier Morattel). Dans le cadre de ce projet, comme dans le reste de nos vies, nous avons fréquenté pas mal de paysans suisses. Tous, à notre connaissance, et même celui qui s’est converti en bio, voteront deux fois NON à ces deux initiatives manifestement conçues par des bobos urbains qui n’ont jamais vu une motte de terre. Aujourd’hui déjà, les paysans étouffent sous les tracasseries de la bureaucratie agricole. Avec ces deux nouvelles chicaneries, ils n’auront plus qu’à se pendre.

Quand les trottinettes électriques commanderont aux tracteurs, on saura que l’agriculture suisse est définitivement morte. Le chemin de l’enfer est pavé de bonnes intentions. Par ses rêves de pureté, la bobocratie s’apprête à transformer une agriculture nourricière, aussi propre qu’elle peut l’être en restant abordable, en une bergerie de Marie-Antoinette, activité-vitrine vivant de subventions. Pour la remplacer, elle a déjà signé des traités de libre échange (Mercosur, Indonésie et autres) qui nous assureront un approvisionnement sûr et bon marché en merdes lointaines d’origine non contrôlée arrosées à l’huile de palme.

Par solidarité avec les paysans et plus encore par mépris de l’oligarchie verte qui considère la nature comme son jardin botanique privé, je recommande le NON aux deux initiatives écolopuritaines!

Les cinq gammes de la dépossession

Les objets soumis au vote le 13 juin prochain sont tous fondés sur la peur et la mauvaise conscience — et pour cette raison ils ont les meilleures chances de succès auprès de la population helvétique. Le fil rouge qui les relie par-delà leur apparente diversité s’appelle bureaucratie déchaînée. Par cinq fois, le peuple suisse est appelé à restreindre ses libertés, à payer davantage d’impôts et à déléguer davantage de pouvoir à l’administration. Ces cinq objets incarnent cinq modalités d’une dépossession volontaire des individus au profit de l’Etat. Aléas du calendrier ou assemblage délibéré? Ayant étudié le mécanisme d’influence psychologique dit de la cascade de disponibilité(4), j’ai de la peine à croire au hasard. Prise isolément, et sans le cerveaulavage médiatique qui les accompagne, aucune des trois lois fédérales (les deux initiatives sont un autre cas de figure) n’aurait de chances sérieuses de passer. Or le peuple suisse, selon les derniers sondages, s’apprête à plébisciter ces utopies collectivistes à une large majorité. Le vote du 13 juin pourrait bien marquer la bascule volontaire de la démocratie directe suisse, fondée sur la responsabilité individuelle, les solidarités concrètes et l’autonomie de jugement, vers un régime fusionnel de dictature des masses fondé sur la peur, le lavage de cerveaux et la démagogie. Car, même lorsqu’elles ont une date de péremption (théorique) comme la loi Covid, des modifications aussi profondes de la règle démocratique ne permettront plus de retour en arrière. La société qui les aura adoptées ne sera plus jamais celle d’avant le 13 juin. Jusqu’ici, les autorités y rendaient des comptes au peuple; désormais le peuple rendra des comptes aux autorités.

Ces enjeux justifiés à chaque fois par des dangers surfaits ou imaginaires donnent l’image d’un pays gâté par le destin qui joue à se faire peur. Mais on a vu des joueurs engloutir maison, famille et dernière chemise dans leur passion(5). Le peuple suisse semble si bien pris au jeu qu’il y sacrifie sa sécurité réelle: prospérité économique, liberté d’initiative, épargne, protection de l’individu et de la sphère privée. Si les «menaces» relèvent de la pure dystopie, les sacrifices qu’elles exigent sont, eux, bien concrets.

Il est fascinant de voir un peuple qu’on disait avisé se laisser dépouiller aussi naïvement par ses propres illusions!